Le guerrier de lumière se sent souvent extraordinairement seul et désarmé face à cette immensité là-dehors. Cette peur sans forme, cette frayeur au-delà de toutes les paniques, c’est la grandeur du voyage astral. Cette vie en est un parmi d’autres.
Il y a quatre ennemis sur le chemin du guerrier, quatre obstacles à dépasser, enseigne le sorcier yaqui. Le premier obstacle est la peur. Je viens de l’évoquer. Vaincre la peur, c’est passer le seuil où commence le Voyage. C’est embarquer dans l’aventure. Vaincre la peur n’est pas une mince affaire. Dans ce monde marchand, les vendeurs de peur font recette. Tout ce qui fait peur fait plaisir aux ados et attardés, d’où le succès des morts vivants et des zombies.
Quelle chose étrange ! Dans les sociétés dites primitives, la communauté des adultes enseigne au jeune comment vaincre sa peur. Par cet exploit il devient adulte, c’est à dire courageux, efficace et collectif. Notre système nous pousse à l’irresponsabilité en distillant la peur, la haine et l’égoïsme. Du coup c’est quasi impossible de vivre en guerrier dans une métropole. Trop d’affects, trop de terreurs larvées, trop de détresse sans fond, trop de béton, trop peu de nature, trop peu de ciel, trop peu de vent.
Le guerrier se choisira son terrain d’entraînement. Pour vaincre la peur, un lit suffit : tout se joue en astral, et que l’habitat soit urbain ou non importe peu. Oui, pourtant il est juste d’entraîner son corps physique. Réflexes. Tonicité. Souplesse. Voilà le seul bouclier qui protègera le guerrier contre son dernier ennemi… voir plus loin. S’efforcer, recommencer, se dépasser, avancer… Un beau jour, à force d’efforts, la peur est vaincue.
A ce point surgit le deuxième obstacle sur la route : la clarté. Ici on s’étonnera :
« sur le chemin de lumière, n’est-il pas naturel et réjouissant de
rencontrer la clarté ? Comment la clarté pourrait-elle être mon ennemi ?
Au contraire, j’ai l’impression que mon ennemi est la confusion. »
Bien sûr, la confusion est piégeuse. On le sait tous. Les maléfices de
la clarté sont bien plus insidieux. Soudain on y voit clair, on a tout
compris, on peut tout expliquer, on sait tout, on est chiant comme la
pluie.
Y céder, c’est l’horreur. S’enferrer sur
cette voie revient à s’enfermer dans une cellule de haute-sécurité où la
lumière brille jour et nuit. Et seul, archi-seul parce trop chiant.
Comment faire pour ne surtout pas en arriver là ? Se traquer soi-même :
accepter la clarté sans se laisser griser. Croire sans y croire. Garder ses distances avec la science infuse. Ne s’étonner de rien pour s’émerveiller de tout dans le secret du coeur. Il faut souvent plusieurs années pour y parvenir.
Beaucoup
n’y arrivent pas. Alors, par dépit, ils fondent une secte. La plupart
des gourous sont des voyageurs intérieurs arrêtés par le mur de clarté.
Ça peut vous rendre dingue, pourtant ce n’est qu’un miroir aux alouettes
et le guerrier n’a rien d’un crâne de piaf. Les anciens nous ont
transmis un parfait résumé de ces différentes étapes grâce au chemin du Tarot de Marseille. Les 22 arcanes majeurs décrivent en effet, très précisément, les 22 étapes de toute vie humaine :
les 22 arcanes majeurs sont les 22 phases de la construction personnelle, en montée spiralée, de l’extérieur vers l’intérieur.
Un troisième ennemi émerge ensuite : le
pouvoir. Inutile de s’en glorifier, c’est le résultat automatique de la
progression intérieure.
Le pouvoir personnel se met à rayonner, les
gens croient voir un faiseur de miracles. La clé : rester anodin. Des
miracles ? La belle affaire ! Nous en sommes tous capables. On fait tous
des miracles et pas seulement rêvés. Le plus ardu est de l’accepter
comme une banalité, tout en gardant l’humilité. Alors plus que jamais se
défier de l’ego. Le pouvoir est l’ennemi tout comme la clarté. Il donne
une griserie, l’ivresse du pouvoir, à laquelle on a du mal à résister.
Quelque soit le pouvoir, elle sévit.
Le pouvoir tourne toutes les têtes, surtout lorsqu’il survient trop tôt. Le danger, c’est que l’ego, l’indécrottable moi-je, s’en attribue le mérite. « Telle personne, c’est moi qui l’ai guérie ». Ou bien : « Sans moi, Untel n’en serait pas là ». Et autres conneries du même acabit.
Se répéter tel un mantra : Je ne suis pas le Dieu qui est en moi.
Les Templiers en faisaient leur devise : « Non nobis, domine, non nobis sed nomini tuo da gloriam »(?)
Accepter les pouvoirs sans jamais s’en glorifier. Les regarder affluer avec la même indifférence qu’on les verra partir demain. Car les pouvoirs ne restent pas. La clarté cesse d’être aveuglante. Et le guerrier serein continue sa route vers son dernier ennemi. Il sait qu’il ne pourra le vaincre : le grand âge. Tôt ou tard, l’âge rejoint le guerrier le plus alerte, lui coupe les jambes et les bras, lui ôte l’énergie vitale qui le tenait debout. Cet ennemi terrible, il faut l’apprivoiser, puisqu’on ne peut le vaincre.
La vieillesse n’est pas l’arrêt du combat. L’antichambre de la mort est aussi la porte de la Vie qui vient. La vie qui va… accepte-la. N’aie pas peur, la peur tue l’âme. On peut être vieux très tôt. Il n’y a pas d’âge pour ça. On peut aussi rester jeune, ou même se mettre à rajeunir. Et sans chirurgie plastique.
Dépêche-toi. La vie est courte, et la tâche est vaste.
Please, don’t be long Please don’t belongThe Beatles, Ne sois pas long / N'appartiens pas
http://eden-saga.com/initiation-castaneda-quatre-ennemis-du-guerrier.html