Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers...
Comment la sagesse du cœur se développe par la voie spirituelle » Quelques extrait tiré de livres de Jack Kornfield Lorsqu’il fut demandé au Bouddha quel était le chemin de la pratique, il expliqua que la vie spirituelle se développait de quatre manières. La première est rapide et agréable.
Par cette voie, l’ouverture et le lâcher-prise surviennent naturellement, comme une naissance facile, dans la joie et le ravissement. Le deuxième chemin est rapide mais douloureux.
Nous pouvons avoir à faire face à une expérience forte de mort imminente, à un accident ou à la perte insupportable d’un être que nous aimions.
Cette voie traverse une porte enflammée qui nous enseigne le lâcher-prise. La troisième forme de progrès spirituel est agréable et graduelle.
Sur ce chemin, l’ouverture et le lâcher-prise ont lieu sur une période de plusieurs années, le plus souvent avec douceur et contentement. La quatrième situation est la plus commune :
- l’évolution est, là aussi, lente et graduelle mais elle prend place principalement dans la souffrance. Les difficultés et les luttes y sont des thèmes récurrents ; c’est à travers elles que peu à peu nous apprenons à nous éveiller ». L’éveil existe, on peut s’éveiller.
Il existe cependant un corollaire :
- ces expériences ne durent pas. Nos réalisations et nos prises de conscience nous dévoilent la réalité du monde, elles apportent des changements mais elles passent.
Vous avez sûrement lu des récits traditionnels racontant la vie de grands sages asiatiques parfaitement éveillés ou l’histoire de saints et mystiques occidentaux d’une pureté irréprochable.
Ces écrits sont magnifiques; ils peuvent pourtant nous induire en erreur.
En réalité, dans le processus d’éveil du cœur, il n’y a rien qui, de près ou de loin, puisse être assimilé à une fin éveillée. Les choses ne se passent pas ainsi.
Nous savons tous qu’après la lune de miel, il y a le mariage et qu’après les élections, la dure tâche de gouverner. Dans la vie spirituelle, il en va de même :
- après l’extase, il y a la lessive.
Les mystiques de chaque tradition, poursuit Kornfield, enseignent que, quelle que soit la puissance de l’éveil obtenu, notre capacité à vivre dans cette réalité sera presque certainement transitoire.
Il est difficile de croire que cette réalisation n’est qu’une première étape. Pourtant des descriptions ou cartes du processus évolutif d’éveil existent dans pratiquement toutes les voies spirituelles. […]
Chaque tradition offre sa propre image du déroulement de la vie quand le cœur s’est éveillé, mais toutes s’accordent sur le fait que la première ouverture n’est qu’un début.
Ce n’est pas parce qu’on a connu l’éveil que tout est résolu, que tout est fini.
La terre et la vie demeurent le grand champ que nous devons labourer pour y faire pousser fleurs et fruits.
Il faut du temps pour apprendre à accepter ce que l’on est, et pour permettre à cette acceptation de faire mûrir ce que nous sommes. «Un enseignant bouddhiste raconte qu’il s’attendait avec l’éveil à une “transformation personnelle”.
Il eut la surprise de voir qu’en fait une “transformation im-personnelle” s’accomplissait. Il s’agit d’une ouverture du cœur et non d’un changement de personnalité.
Cet enseignant poursuit:
- Sous de nombreux aspects, la transformation spirituelle de ces dernières décennies fut différente de ce que j’avais imaginé.
Je suis toujours la même personne bizarre avec à peu près le même style et les mêmes modes d’être.
Extérieurement, je ne suis donc pas cette personne éveillée, transformée de façon incroyable, que j’avais espéré devenir au début.
Mais intérieurement, une grande transformation s’est opérée.
Ces années de travail sur mes sentiments et mes rapports familiaux ont adouci mon humeur et ma manière de les aborder.
A travers mes luttes menées pour connaître et accepter ma vie en profondeur, celle-ci s’est transformée, mon amour s’est développé et élargi.
Ma vie ressemblait à un garage encombré dans lequel je passais mon temps à me cogner contre les étagères et à me juger moi-même; aujourd’hui,
c’est comme si j’avais déménagé dans un hangar à avion avec les portes ouvertes.
Toutes mes vieilles affaires sont là mais elles ne m’encombrent pas comme avant.
Je suis toujours le même mais maintenant je suis libre de bouger et même de voler.» Lorsqu’on lui demanda si, après toutes ces années de discipline spirituelle, sa personnalité avait changé, il se mit à rire et répondit que non.
Il affirma, à la place, être devenu “connaisseur de ses névroses”.
Dès le moment où nous savons que nous sommes, dans notre essence, le Tout, acceptons notre forme manifestée (au moins jusqu’à la mort), acceptons d’être tulipe, ou rose, ou simple lavande et embellissons la terre avec la seule chose que nous sachions bien faire:
- être nous-mêmes. Un jour, raconte Jack Kornfield, je suis tombé sur un dessin humoristique , il représentait une famille traversant le Sahara sur des dromadaires.
Le père est sur le premier avec ses couvertures et ses sacs, la mère sur le deuxième, tandis que les trois enfants suivent derrière sur de plus petits dromadaires.
La benjamine et le père sont à l’évidence en train de dialoguer ; le père regarde en arrière et lui crie : « Arrête de demander si nous sommes bientôt arrivés.
Nous sommes des nomades, pour l’amour de Dieu ! » Chaque vie est pleine de changements et de moments d’insécurité.
Chaque vie apporte son lot de pertes, de souffrances et de difficultés.
Dans ce monde si mouvant, nous sommes tous des nomades et avons besoin de repères afin de rester centrés, quoi qu’il arrive.
Les moments difficiles ne sont pas seulement dus à des événements extérieurs, c’est souvent notre propre état d’esprit qui nous cause le plus de souffrance.
Le chagrin et l’anxiété, la peur et la perte, et toutes ces émotions tumultueuses qui viennent nous hanter – sans même parler des histoires que nous nous racontons afin de les tenir à distance – contribuent à alimenter ce sentiment de souffrance mentale et physique qui nous habite.
Jusqu’à ce qu’enfin nous apprenions comment nous en défaire.
Souvent, notre stratégie initiale consiste simplement à fuir. Mais, hélas, nos problèmes nous suivent.
De manière paradoxale, l’une des meilleures façons de guérir de trahisons affectives et d’abus, de préjudices, de maladies et de traumatismes, c’est de nous tourner vers ce qui, en nous, est blessé.
Cela demande beaucoup de soin et de courage que de prêter une véritable attention à nos blessures et nos difficultés, mais ce que nous récoltons alors n’a pas de prix, car les leçons que nous tirons de ces situations peuvent changer nos vies.
Il importe de nous souvenir que le parcours menant à la guérison ne consiste pas toujours – du moins pas seulement à surmonter les difficultés dont nous faisons l’expérience ou à bien nous en remettre.
Il exige parfois que nous apprenions à accepter les choses telles qu’elles sont, et que nous abordions les situations auxquelles nous sommes confrontés avec un esprit sage et plein de compassion.
Nous avons tous la capacité de guérir, mais il nous faut découvrir quelle forme cette guérison doit prendre.
Le chagrin, la perte et la souffrance, même la dépression et la crise spirituelle, ne font qu’empirer si nous essayons de les ignorer, de les nier ou de les éviter.
Le parcours de guérison commence lorsque nous y faisons face et que nous apprenons comment travailler avec ces sentiments et ces sensations.
C’est souvent quand nous cessons de lutter contre nos difficultés et trouvons la force d’affronter nos démons, que nous nous découvrons plus forts, plus humbles et plus posés.
Survivre à nos difficultés, c’est s’initier à la sagesse.
,La vraie tragédie, c’est lorsque, refusant de reconnaître et de respecter notre propre souffrance, nous la communiquons aux autres.
Éveiller celui qui sait Cette « présence connaissante », c’est la conscience elle-même, et elle est là, en vous, à chaque instant de votre vie, même lorsqu’elle semble avoir complètement disparu.
Même dans les moments les plus pénibles, celui en vous qui sait veille toujours, calme et lucide.
Il est dans l’acceptation de l’événement.
Au-delà de la situation immédiate, il perçoit quelque chose de beaucoup plus vaste.
Il sait que, quel que soit le changement qui a eu lieu – même si, pour vous, c’est une surprise plus ou moins grande –, celui-ci devait se produire.
Il sait que tout ce qui est est – que vous l’acceptiez ou non.
Celui qui sait est même souvent capable de percevoir l’humour et l’ironie de certaines situations, même les plus difficiles.
Et il sait bien avant nous que notre souffrance prendra fin lorsque nous nous tournerons pour lui faire face et embrasserons sa vérité et sa sagesse au pouvoir guérisseur.
Vivre dans le présent L’instant présent est tout ce que nous avons ; il est la porte donnant accès au véritable calme, au refuge source de guérison.
La seule place où nous pouvons aimer, guérir ou nous éveiller est l’éternel présent.
Créons la vie un jour à la fois.
Nous ne pouvons pas anticiper le futur.
C’est un mystère.
Mais nous pouvons planter de jolies graines ici et maintenant, et apprendre à les cultiver avec l’amour, le courage et l’instinct de survie qui est inné en nous.
Apprendre à vivre l'instant présent Le présent est la seule réalité à notre portée : le passé nous a échappé et le futur ne nous appartient pas.
Or, nous passons beaucoup de temps à regretter l’un et à appréhender l’autre.
Ne pas vivre le moment présent, c’est donc tout simplement vivre dans une illusion. Être dans « l’ici et maintenant », ce n’est pas se voiler la face devant l’avenir ou agir comme si le passé n’avait pas été.
C’est avoir conscience de ce qui se passe en soi et hors de soi, revenir à ses sensations et à ses émotions, savourer la vie et ne pas fuir systématiquement en cas de gêne ou de douleur…
Adopter cette façon d’être au monde est l’une des meilleures solutions pour se protéger du pessimisme ambiant et apaiser ses propres angoisses personnelles.
Et, ainsi, plus présent à soi et aux autres, pouvoir sans culpabilité ni complaisance se retourner sur son passé et se projeter dans l’avenir de manière à la fois sereine et réaliste.