Le
docteur Everett Worthington, auteur, psychologue clinicien et
professeur de psychologie à la Virginia Commonwealth University explique
qu’«
être souvent dans la colère et le ressentiment ne semble pas avoir un
effet immédiat sur notre santé. Mais au fil des années, les problèmes
surgissent ».La clé pour apprendre à pardonner est de « cultiver l’empathie, l’humilité et la compassion ».
Le
ressentiment crée de l’hypertension et un taux élevé de cortisol
entraînant une inflammation chronique, perturbant presque tous les
processus physiologiques.
Comment apprendre à pardonner
Selon
lui, il faut une méthode pour réussir à pardonner. « Je pense que
personne ne sait comment pardonner, même si on pense que c’est une bonne
chose ». Bien qu’il soit croyant, le docteur Worthington dit qu’il
n’est pas nécessaire d’avoir la foi. « Pardonner par obligation
religieuse ne semble pas être très efficace », dit-il.
La
clé d’un pardon réussi est de cultiver l’empathie, l’humilité et la
compassion. Des études ont montré que le pardon vient plus facilement
chez les gens qui s’intéressent davantage au bien-être des autres qu’à
leur gain personnel.
Grâce à ses recherches et à son expérience clinique, le docteur Worthington a développé une méthode pour apprendre à pardonner. En anglais, cette méthode s’appelle REACH :R comme recall – se souvenir de cette blessure aussi objectivement que possible.E comme empathize – essayer de comprendre le point de vue de celui qui vous fait du tort.A comme altruism – vous avez blessé quelqu’un et vous avez été pardonné, faites de même.C comme committing – pardonner publiquement à la personne qui vous fait du tort.H comme holding on – ne pas oublier sa souffrance pour se rappeler votre choix de pardonner.
L’objectif
de REACH est d’examiner le préjudice moral sans blâmer l’autre ou
s’attarder sur la victimisation causée par l’injustice. L’une des
difficultés que les chercheurs ont examinée en étudiant le pardon
consiste à en donner une définition précise.
Lorsque nous sommes stressés, des choses vraiment négatives se produisent dans le corps.
«
Le pardon n’est pas la seule façon de traiter les injustices que nous
subissons », explique le docteur Worthington. Il y a aussi
l’acceptation. « La vie se passe. Il faut faire avec. » Une
autre pensée consiste à excuser ou à justifier ce qui a été fait.
Certains renvoient à Dieu « Je vais laisser Dieu s’en occuper » ou « je
le donne à Dieu parce que ce n’est pas mon problème ».
Le vrai pardon demande un effort supplémentaire.
Cette notion de la valeur de l’autre est en contradiction avec notre culture hautement concurrentielle. Mais le docteur Worthington croit que de grands changements pourraient avoir lieu simplement en sensibilisant au pardon. Cela relève de la santé publique.« Pardonner n’est pas seulement ne plus avoir de sentiments négatifs envers quelqu’un, mais en fait commencer à le voir comme une personne précieuse qui est rachetable », précise le docteur Worthington.
Lorsque
les écoles adoptent des campagnes de sensibilisation au pardon, à peu
près tout le monde voit les retombées positives en matière de santé
mentale et physique. De telles expériences ont déjà eu lieu dans les
universités.
Pour
quelqu’un ayant un diagnostic de maladie grave, il devient encore plus
important de trouver la capacité de pardonner et de lâcher prise.
Pour
Katherine Puckett, travailleuse sociale, clinicienne et directrice
nationale de la médecine corps-esprit dans les centres du Cancer
d’Amérique (CTCA), les patients bénéficient d’une compréhension de ce
qu’ils perdent en restant dans la colère.
« Lorsque nous sommes stressés, des choses vraiment négatives se produisent dans le corps », explique le docteur Puckett. Notre corps perçoit le stress comme une menace pour notre survie. «
Il y a environ 1 400 produits chimiques sécrétés par notre corps en
réponse au stress. À force, les hormones sont perturbées. » Le docteur Puckett avance que pour aider les patients à atteindre le pardon, il faut développer des relations de soutien.
Les vieilles rancunes
«
Souvent les gens pensent qu’ils ne méritent pas d’être heureux, ou
qu’ils ne méritent pas d’être libérés de la culpabilité ou du
ressentiment. Cet apprentissage joue un grand rôle dans le processus de
guérison car les patients atteints de cancer ont souvent du mal à se
pardonner. »
Aller
au fond d’une rancune nécessite une réflexion personnelle sur l’origine
de ses sentiments négatifs. Une grande partie du programme de pardon à
CTCA est d’amener les patients à voir la valeur de l’autogestion. Les
gens vont se traiter avec autant de gentillesse qu’ils traiteraient leur
meilleur ami.
Pour en savoir plus :
Le
docteur Worthington est un précurseur dans les recherches sur les
effets du pardon. Dans les années 1980, il a publié son premier article
sur le rôle du pardon dans la thérapie de couple. En 1996, sa mère a été
assassinée et cela lui a permis d’étudier le pardon dans la vie réelle.
Version originale: Your Grudges May Be Killing You, What Science Says About Forgiveness
Traduit par : http://www.epochtimes.fr