C’est comme si dans le passé elles avaient eu certaines connaissances, fait certaines expériences, et par instants cette connaissance, ces expériences remontent à la surface comme le bref scintillement d’une lumière venue de très loin. Elles ignorent pourquoi cette impression s’impose avec une telle évidence, elles ne savent pas comment l’interpréter, mais cela reste pour elles une réalité indubitable. À un moment ou à un autre de leur existence, la plupart des humains sont traversés par la sensation que quelque chose en eux les rattache à un monde supérieur, mystérieux, dont ils ont gardé l’empreinte.
La différence entre les êtres, c’est que certains laissent s’effacer cette sensation sans chercher à approfondir de quoi elle est le signe. Pour d’autres, au contraire, elle est le point de départ d’une recherche intérieure qui les conduira jusqu’à la conscience de leur origine divine. » Omraam Mikhaël Aïvanhov
Lorsqu’elles sont arrivées à un certain degré d’évolution, il y a des âmes qui, au moment de s’incarner sur la terre, signent un contrat : elles s’engagent devant les entités célestes à accomplir une mission, elles promettent de développer les facultés et les vertus qu’elles possèdent déjà afin d’aider et d’éclairer les humains.
Sous quelque forme que se fasse cette promesse, elle peut se résumer ainsi : mettre ses qualités, ses possibilités spirituelles et matérielles au service des autres.
Cependant, comme l’incarnation d’une âme est un processus de descente dans la matière au cours de laquelle elle oublie ce qu’elle a vécu en haut, en arrivant sur terre elle n’a plus tellement conscience de l’engagement qu’elle a pris. Mais ensuite, au fur et à mesure du temps, elle se sent traversée par des sensations, des impressions, des pensées, des aspirations d’une nature particulière, d’abord de manière fugitive, puis de plus en plus précise. Cela se manifeste par une tendance à pratiquer telle activité, à envisager telle profession. C’est ce que l’on appelle une vocation.
Ainsi, certaines personnes sentent qu’elles doivent répondre à une sorte d’appel, et il leur est impossible de ne pas y répondre d’une façon ou d’une autre: elles ont la certitude que de leur orientation vont dépendre non seulement leur propre épanouissement, le sens de leur vie, mais aussi la destinée de beaucoup d’autres êtres humains.
Ceux qui ont ainsi la sensation d’une mission à accomplir ne doivent pas hésiter: puisqu’ils ont promis devant les entités célestes de semer ici-bas certaines graines, de laisser des traces pour que d’autres bénéficient de leur passage sur la terre, ils doivent tenir leur engagement. Ces êtres peuvent exceller dans différents domaines: la philosophie, la littérature, les sciences, la spiritualité, l’art, la politique; mais dans chaque cas ils ont une mission à remplir auprès de leurs frères humains.
Même s’ils ne se disent pas explicitement qu’ils remplissent une mission préalablement acceptée, le Ciel fait en sorte qu’ils se sentent là dans leur élément, quelles que soient les difficultés qu’ils rencontrent sur leur route.
La possibilité existe toujours, bien sûr, qu’ils s’écartent de leur voie et cèdent à certaines tentations, au point qu’il ne reste plus rien en eux pour leur rappeler les promesses qu’ils ont faites. On a vu dans l’histoire de très grands esprits, des Initiés, oublier leur mission pour aller se perdre sur une autre voie. C’est une des difficultés de la vie spirituelle: arriver à se souvenir, au moins confusément, de la promesse faite et mettre tout en œuvre pour l’accomplir en sachant démasquer les personnes et les situations qui peuvent représenter des dangers. Car toutes sortes d’embûches sont placées sur la route des êtres les plus évolués.
C’est le sens, dans les Évangiles, de l’épisode qui rapporte comment le diable vint tenter Jésus en lui présentant tous les avantages et les satisfactions de la terre. Ce récit est évidemment symbolique. Comment pourrait-on croire que de telles tentations ont été vaincues au cours d’une petite conversation avec le diable ?
Cette conversation représente les innombrables combats que même un Initié, un grand Maître doit mener contre toutes les entités ténébreuses qui se sont installées en lui, dans son corps physique et dans ses corps astral et mental, afin de les expulser. Ce n’est qu’à cette condition qu’il peut vraiment remplir sa mission.
Vous direz : « Mais alors, les âmes qui descendent sur la terre n’ont pas toutes une mission à remplir? Certaines viennent s’incarner sans destination particulière ? »
II faut comprendre: tous les êtres humains sont fils et filles de Die ; et cela leur impose des obligations.
Mais toutes les âmes ne sont pas parvenues au même degré d’évolution, beaucoup sont encore faibles, inexpérimentées; elles descendent pour s’instruire, se perfectionner, c’est là, pour le moment, leur seul vrai devoir, et on ne peut pas leur confier de grandes responsabilités.
Signer un engagement devant le Ciel suppose qu’on comprenne à quoi on va devoir faire face et qu’on soit libre d’exécuter sa tâche.
Or, la plupart des âmes ne le sont pas, et quand elles doivent descendre sur la terre, on ne les consulte pas au sujet de la famille, la société ou le pays où elles souhaiteraient s’incarner; la destinée les place là où elles le méritent d’après la loi de justice.
Vous pensez que cette façon de traiter ces âmes est cruelle et que Dieu, qui les a créées, devrait être plus généreux ? La Justice divine vous répondra qu’elle les a placées où elles doivent l’être et que, si elles ont appris ce qu’il faut qu’elles apprennent, dans une autre incarnation elles seront traitées différemment. Les parents consultent-ils le tout jeune enfant sur ce qu’ils ont à faire pour lui ? Non, ils le nourrissent, le lavent, l’habillent, l’envoient à l’école ou l’emmènent en vacances sans lui demander son opinion. Ils attendent qu’il grandisse pour l’interroger et tenir compte de ce qu’il pense ou souhaite.
Les âmes très évoluées ont une certaine liberté qu’elles ont gagnée par leur travail au cours de leurs incarnations successives. Une âme peut donc accepter ou refuser la mission qui lui est proposée. On lui demande, par exemple : « Pour venir en aide à tel ou tel peuple, acceptes-tu de t’incarner dans ce pays où tu devras vivre dans des conditions difficiles et où de grandes souffrances t’attendent? »
Et on lui montre ces conditions qui sont souvent la pauvreté, la faim, l’absence de liberté, la violence, car cette âme devra partager les conditions de vie de tous. Même si celui ou celle qui accepte cet engagement est intérieurement un prince, une princesse, on ne lui réserve pas un statut privilégié.
Alors, l’âme ainsi consultée étudie la situation, et après avoir vu les difficultés qu’elle aura à affronter, elle accepte ou refuse. Si elle accepte, elle devient comme un ambassadeur chargé de mission.
Dans un pays, il arrive aussi que l’on propose à des hommes et des femmes très capables tel ou tel poste de responsabilité qui présente des difficultés ou même des dangers, et ils sont libres d’accepter ou non; alors qu’un petit fonctionnaire est obligé d’accepter le poste qu’on lui attribue même si cela ne lui plaît pas.
Ceux qui, ayant accepté une mission, se laissent ensuite égarer sur des chemins de traverse, ne peuvent que souffrir, car ils s’aventurent dans des régions où ils ne peuvent pas trouver ce à quoi aspire leur être profond. Vous direz que d’autres s’y sentent très bien… Oui, évidemment, parce que ces régions correspondent à leur degré d’évolution. Mais les êtres qui étaient destinés à vivre et à travailler dans des régions supérieures où rien ne leur manquait pour remplir leur tâche, vont, s’ils les quittent, au-devant de grands tourments.
Comme ils ont déjà conquis leur liberté, ceux que l’on envoie ainsi en mission spéciale reçoivent des pouvoirs étendus et disposent de grands moyens. Bien sûr, ils rencontrent des obstacles, ils sont exposés aux attaques et ils souffrent. Mais ils ne sont pas laissés seuls et sans ressources, car ils sont liés aux autorités qu’ils représentent, et ils reçoivent des informations, de l’aide, du soutien.
Un État n’envoie pas un ambassadeur sans mettre à sa disposition un logement, des subventions et tout un personnel qualifié. Et comme les souffrances et les difficultés que rencontrent ces ambassadeurs du Ciel viennent de l’extérieur et non d’eux-mêmes, ils ont donc dans leur âme et leur esprit des forces qui se mettent instantanément à leur service lorsqu’ils font appel à elles. Ce qui n’est pas le cas pour la majorité des humain ; non qu’ils soient privés de ces possibilités intérieures, ils les possèdent, mais ils les ont laissées se rouiller.
Et vous, si avant de venir vous incarner vous avez fait des promesses au Ciel, réjouissez-vous. Mais ne vous contentez pas de vous réjouir, car cela représente aussi de grandes obligations. Beaucoup de possibilités vous sont données pour travailler, mais si vous ne remplissez pas votre mission, le Ciel vous en tiendra rigueur. De celui qui possède beaucoup, on exige beaucoup.
Même si vous ne pouvez pas vous souvenir précisément que vous avez fait une promesse, il en reste toujours quelque chose en vous sous forme d’aspirations élevées et de dispositions psychiques. Ce sont des dons que vous avez reçus, et ne pas prendre conscience qu’en les recevant, vous avez fait la promesse de les utiliser pour votre propre perfectionnement et pour le bien de tous, c’est très grave. On vous demandera sévèrement des comptes, oui, plus sévèrement qu’à ceux qui n’ont rien promis. Sans doute, leur vie sera-t-elle aussi faite de difficultés, de privations, mais ils sont adaptés aux conditions que leur incarnation leur impose.
Tandis que ceux qui vont s’aventurer dans des régions étrangères aux aspirations de leur âme, ceux-là souffrent, et d’autant plus qu’ils passent brutalement d’un extrême à l’autre : quand ils remplissent leur mission, ils éprouvent une joie profonde, mais aussitôt qu’ils s’en écartent, ils sont jetés dans des abîmes de douleur.
Alors que les gens ordinaires transgressent les lois sans en être troublés car ils sont habitués à l’atmosphère opaque dans laquelle ils vivent, ceux qui ont une haute mission à remplir ne se sentent plus tranquilles s’ils transgressent, aussi peu que ce soit, les lois de la justice, de l’amour, du désintéressement. Sur le terrain difficile où ils se déplacent, les chutes peuvent être vertigineuses. C’est pourquoi ils doivent augmenter leur vigilance, prendre des précautions. Si les récompenses qui les attendent sont grandes, les punitions en cas de défaillance sont terribles.
Comment savoir si vous êtes capable de tenir une promesse que vous avez faite ?
Une fois que vous êtes descendu sur la terre, vous ne pouvez pas le savoir; mais avant de descendre, quand on vous a proposé cette tâche et les conditions dans lesquelles vous auriez à la remplir, tous les éléments vous étaient donnés pour que vous puissiez décider en connaissance de cause. On ne vous demandera jamais rien qui dépasse vos possibilités.
Un élève qui se présente à un examen est interrogé sur des questions qui correspondent à son niveau et non à un niveau supérieur ou inférieur, et ces questions étaient au programme pendant l’année scolaire. De la même façon, les entités célestes qui vous proposent une mission connaissent vos possibilités, elles ne vous demanderont pas de résoudre des problèmes ni d’affronter des situations qui vous dépassent. Mais si vous vous engagez, vous devez respecter cet engagement.
Une promesse, c’est comme une signature: elle vous lie jusqu’à ce que vous ayez réalisé ce que vous avez promis.
Et pas seulement devant le Ciel; même les promesses que vous faites ici-bas aux humains doivent être tenues. Si vous quittez ce monde sans avoir eu le temps d’accomplir ce à quoi vous vous étiez engagé, vous devrez revenir pour vous exécuter. Dieu Lui-même ne vous déliera pas de cette promesse; seule la personne à qui vous l’avez faite le peut. Certains sont obligés de revenir sur la terre seulement à cause d’une promesse non tenue dans une précédente incarnation. Rien ni personne ne peut les en délier, sauf, je le répète, celui ou celle à qui ils l’ont faite.
Un homme promet à une femme de l’épouser, et puis un jour, il découvre qu’il n’est pas fait pour le mariage, mais pour se mettre au service du Seigneur. Eh bien, il doit obtenir de cette femme qu’elle le délie de sa promesse. Ce n’est pas le Seigneur qui le fera, mais cette femme seule; si elle refuse, il est inutile qu’il se retourne vers le Seigneur, car II répondra: « Puisque tu as promis, je ne peux rien faire. Je sais que tu veux me servir, mais tu as du temps devant toi. Va d’abord faire ce mariage. Tu peux aussi me servir en étant marié. »
Combien de sages, de saints et de prophètes ont dû revenir sur la terre afin de s’acquitter de semblables promesses faites alors qu’ils ne se connaissaient pas encore suffisamment pour découvrir leur vocation véritable !
Les êtres supérieurs avec lesquels nous avons signé un contrat avant de descendre sur la terre, veillent à ce que nous le remplissions. Donc, ici, nous devons chercher à nous rappeler ce que notre âme a promis et l’exécuter sans nous demander ce que cela coûtera de soucis, d’efforts, de fatigue. Rien ne doit nous arrêter.
Pour moi, je sais ce que j’ai promis… Je l’avais longtemps supposé, parce que cela avait pris en moi une telle force que je ne pouvais pas l’ignorer. Et quand le Maître Peter Deunov m’en a donné la confirmation, je n’ai plus pu avoir le moindre doute à ce sujet. Dans ce domaine tellement subtil on peut toujours se tromper ; il faut donc se demander si ce que l’on croit être une vocation, une mission, ne vient pas tout simplement d’une illusion sur soi-même ou d’une influence extérieure… Mais une fois que la chose est claire, on ne doit plus se poser de questions mais avancer fermement.
Chacun doit entrer profondément en lui-même afin de retrouver le contrat, les « papiers » par lesquels, avant de descendre, il s’est peut-être engagé devant les entités célestes.
Dans le silence et la paix d’une méditation profonde, pensez à rechercher ces papiers, ces empreintes. Si après plusieurs tentatives vous ne trouvez rien, vous ne devez pas vous en attrister. Ni vous réjouir non plus, en vous disant : « Tant mieux, je ne me suis engagé à rien, je suis libre de faire ce qui me plaît », car en raisonnant ainsi, vous ne sortirez jamais de vos limitations. Cette liberté est une illusion, et tout ce que vous entreprendrez au nom de cette liberté-là ne peut que vous ligoter.
Mais les humains sont étranges: ils se vantent et se réjouissent de leurs faiblesses comme si c’étaient de grands titres de gloire, et ils courent chercher leur salut là où c’est en réalité leur perte qui les attend.
Chacun saura qu’il est vraiment libre le jour où le Ciel l’engagera pour une haute mission. Oui, car le Ciel n’engage pas des créatures ligotées par des désirs égoïstes, des passions destructrices. Il n’engage que des êtres libres.
Mais les humains veulent-ils vraiment être libres ? Certains animaux se sont tellement habitués à leur cage que, même si on leur ouvre la porte, ils ne sortent pas : ils ont perdu jusqu’à l’instinct qui les poussait à vivre en liberté. Et malheureusement, combien d’êtres humains leur ressemblent ! Ils ont oublié qu’ils pouvaient, eux aussi, vivre libres et ils n’essaient même pas de quitter leur prison. Ils pourraient franchir ces limites, mais ils n’osent pas et certains n’y pensent même pas.
À quelque niveau qu’il se trouve, chaque être humain doit chercher à aller plus loin. S’il se heurte à des barrières infranchissables, au moins connaîtra-t-il ses limites actuelles, ce qui ne doit pas l’empêcher de souhaiter les dépasser un jour.
En revanche, s’il ne rencontre pas d’obstacle, il saura qu’il peut continuer sa route. Beaucoup n’avancent pas parce qu’ils s’imaginent que la voie est fermée. Mais peut-être est-elle libre… Comment le sauront-ils s’ils n’essaient pas d’avancer?
À chacun de faire des expériences pour savoir ce dont il est capable. Et même s’il découvre qu’il ne peut pas aller très loin, il faut qu’il sache que le but de son travail est de parvenir à cet idéal que Jésus a présenté pour tous les fils et les filles de Dieu : » Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »
Omraam Mikhaël Aïvanhov Aux Sources inaltérables de la joie © Éditions Prosveta
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